Qui succèdera à Benoît
XVI ? Le mystère reste entier sur le nom de celui qui sera choisi par
les cardinaux réunis en conclave, mais près d'une dizaine de noms de
"papabili" circulent déjà dans les coulisses
du Vatican:
PETER TURKSON: 64 ans. Ghanéen. Le cardinal Kodwo Appiah Turkson, à la
tête du Conseil pontifical "Justice et paix", est engagé dans les
combats pour une meilleure justice et distribution des ressources
mondiales. Dynamique, ouvert, il a diffusé cependant pendant un Synode
récent une vidéo très controversée sur les dangers démographiques que
poserait l'Islam en Europe. La presse américaine l'a épinglé pour des
déclarations affirmant que les traditions africaines protègent de la
pédophilie et de l'homosexualité.
ODILO SCHERER: 63 ans.
Brésilien. Archevêque depuis 2002 à la tête du plus grand diocèse
d'Amérique Latine, Sao Paolo, il est le principal candidat d'un
continent très catholique qui peine à mettre en avant des "papabili".
Possédant une expérience de la Curie, il est réputé pour sa bonne
gestion de ce diocèse, pour sa culture et pour un certaine ouverture
pragmatique qui en fait un modéré.
ANGELO SCOLA: 72 ans.
Italien. Nommé au poste clé d'archevêque de Milan par Benoît XVI après
avoir été patriarche de Venise, il a été cité depuis plusieurs années
comme un des candidats les mieux placés. Proche du pape, il a a créé une
revue "Oasis" développant le dialogue avec l'Islam. Conservateur,
ancien militant du mouvement "Communion et Libération", il manque de
charisme et est assez isolé au milieu des 28 cardinaux électeurs
italiens.
MARC OUELLET: 68 ans. Canadien. Ce Québécois est un
des plus "ratzingériens" de la Curie, où il est préfet de la
Congrégation pour les évêques depuis 2010. Polyglotte, il est très
apprécié en Amérique Latine où il a longtemps travaillé. De grande
culture, il est jugé timide, fin et cassant, et ses positions
conservatrices sur les moeurs lui ont valu une certaine impopularité
dans la Belle Province.
GIANFRANCO RAVASI: 71 ans. Italien.
Bouillant "ministre" de la Culture de Benoît XVI, il a lancé avec son
soutien le "Parvis des gentils" pour dialoguer avec les non-croyants. Un
des premiers cardinaux à tweeter, il ne cesse de faire des propositions
pour montrer que le message chrétien est moderne. Ouvert et médiatique,
il apparaît très intellectuel. Il a prêché les exercices spirituels de
Carême de Benoît XVI cette année, et le pape a souhaité qu'il soit
"récompensé" pour leur qualité.
PETER ERDO: 60 ans. Hongrois.
Archevêque de Budapest, Peter Erdö, président de la conférence des
conférences épiscopales d'Europe (CCEE) depuis 2006, déjà "papabile" en
2005, a été fait cardinal à 51 ans en 2003 par Jean Paul II. Apprécié en
Europe, il a été un des premiers à avoir oeuvré à la création d'une
université sous le communisme.
CHRISTOPH SCHONBORN: 68 ans.
Autrichien. Archevêque de Vienne, dans un pays où la contestation
ecclésiale est virulente. Il est à la fois un proche et un élève de
Joseph Ratzinger, conservateur à certains égards, mais réformiste à
d'autres: il a pris des positions fermes contre les scandales pédophiles
et leur étouffement par la hiérarchie de l'Eglise. Il se montre ouvert
sur les divorcés remariés et les homosexuels.
SEAN O'MALLEY: 68
ans. Américain. Le cardinal Sean O'Malley de Boston a pour lui d'être
un profil original dans l'épiscopat américain. Capucin, connu pour sa
simplicité, il a lutté contre la pédophilie dans le diocèse de Boston et
assaini les finances du diocèse quasi ruiné par les dédommagements de
victimes. Mais l'élection d'un pape des Etats-Unis, première puissance
mondiale, poserait peut-être un problème.
LUIS ANTONIO TAGLE:
Philippin. A 55 ans, le jeune archevêque de Manille, cardinal depuis
l'an dernier, est la coqueluche des médias qui saluent son grand
charisme et son ouverture. Pleurant quand le pape lui remet sa barette
de cardinal, il se veut le porte-parole d'une Eglise minoritaire, plus
dépouillée, proche des gens, socialement engagée, même s'il semble dans
la ligne de Rome sur le plan des moeurs.