Les jeunes, esclaves de l'alcool et de la drogue : un scandale !
L'Abbé Gilbert Damba Wana, prêtre
du Diocèse de Maroua-Mokolo a adressé aux jeunes de cette Eglise particulière,
un message sans complaisance sur les dangers qui les guettent, lorsqu'ils
abusent de la consommation de l'alcool et de la drogue. C'est un message qui
s'adresse à tous les jeunes du Cameroun au moment où ils célèbrent leur fête
nationale.
" L'alcool est un tyran, un maître sans pitié. Dès le
premier contact, il nous intéresse et nous cherchons absolument à tisser des
liens avec lui. Il se comporte en ami fidèle, soucieux des problèmes qui sont
les nôtres: (nos études, notre avenir). Il nous caresse par le bon bout pour
nous faire 'oublier' les difficultés de la vie " écrit Eugène Ndobouï
" Avec le vin ne joue pas au plus fort car il fait le
malheur de beaucoup de gens " Ecclésiastique 31, 25
Bien chers jeunes,
Nous vous l'avons dit souvent et nous le redisons
aujourd'hui avec des larmes, car beaucoup d'entre vous se conduisent en ennemis
de la Croix du
Christ… Ils ont pour dieu leur ventre et mettent leur gloire dans ce qui fait
leur honte ; ils n'apprécient que les choses de la terre. Pour nous, notre cité
se trouve dans les cieux, d'où nous attendons ardemment comme Sauveur, le
Seigneur Jésus Christ (Cf. Ph 3, 18-20).
Nous sommes à une phase décisive de notre vie. C'est le
moment pour nous de poser les bases de notre avenir, de notre vie future. Et
pour que ce futur soit le plus meilleur possible (ce qui est d'ailleurs le
souhait de chacun de nous j'espère bien !), il faut que ces bases soient
solides. Il nous faut construire sur le roc comme le souligne Jésus en parlant
de la condition des vrais disciples (Cf. Mt 8, 24). Construire notre avenir sur
le roc signifie intégrer et vivre certaines valeurs telles que le goût du
travail, la chasteté (le respect de sa sexualité), l'honnêteté, le courage,
l'amour de la vérité, la maîtrise de soi devant certains fléaux tels que
l'alcool et la drogue.
C'est sur les deux derniers éléments (l'alcool et la drogue)
que nous voulons mener ensemble avec vous une réflexion qui partira de
l'analyse de la situation des jeunes face à l'alcool et la drogue, les causes
qui expliquent cette situation et les conséquences, et quelques pistes de
solutions à envisager pour nous en sortir.
Cette année, nous avons choisi avec l'ensemble du Diocèse,
de réfléchir sur la qualité de notre témoignage de vie en tant que chrétiens :
" Que votre lumière brille devant les hommes afin que les hommes voient
vos bonnes œuvres et glorifient votre Père qui est aux cieux " (Mt 5, 16).
Notre lumière peut-elle alors briller lorsque bon nombres d'entre nous font de
l'alcool une idole (c'est-à-dire une chose à laquelle on donne la première
place, à laquelle on consacre beaucoup de temps) ?
La jeunesse de notre Diocèse est menacée par l'alcool, et de
plus en plus par certains produits apparentés à la drogue (Diase-pan, Tramol,
Wouiwoui, Rasta, Dissolution, D 10…) dont la commercialisation est facilitée
par la proximité avec le Nigeria. C'est un phénomène qui touche directement ou
indirectement tous les jeunes, croyants ou non, mariés ou non. Et cela
constitue un véritable frein pour l'avenir, aussi bien des jeunes que de
l'ensemble des populations.
A ce propos, dans sa Lettre de Carême 2008, notre
Evêque nous fait constater " qu'aucun travail sérieux, que ce soit au plan
de la catéchèse, au plan de la formation ou au plan de la promotion humaine ne
peut être entrepris dans nos communautés si l'alcoolisme continue à être la
première préoccupation ".
Certains jeunes qui sont au village et qui ne vont pas ou
plus à l'école consacrent la grande partie de leur temps dans la fréquentation
régulière et assidue des marchés périodiques de bili-bili qui se créent
malheureusement davantage dans nos quartiers et villages. Ils maîtrisent tous
les programmes des marchés et y vont le plus souvent aux environs de 13h.
Lorsque le marché est proche de la maison, c'est tôt le matin qu'on y va
souvent (on va prendre le petit déjeuner dit-on). Le retour du marché se fait
généralement tard le soir autour de 18h 30, et plus tard lorsque c'est la
pleine lune.
On rentre alors saoul, cherchant parfois à tâtons le chemin
du retour. Les disputes et bagarres rythment le plus souvent le retour,
lorsqu'elles ne se déclenchent pas à l'intérieur même du marché. Arrivés à la
maison, la moindre parole des parents, de l'époux ou de l'épouse donne lieu à
des réactions violentes qui dégénèrent assez facilement en bagarres (les
enfants qui frappent sur leurs parents, les époux sur les épouses…). Dans ces
marchés, l'on ne boit pas seulement le bili-bili ordinaire. On y ajoute parfois
des comprimés apparentés à la drogue. Le nombre de comprimés varie selon les
capacités et habitudes des uns et des autres.
Les jeunes élèves ne sont pas en marge du fléau de
l'alcoolisme et de la drogue. Bon nombres d'entre eux s'absentent des classes
(ils driblent les cours) pour se rendre dans des cabarets situés dans les
alentours de certains établissements (le vin disent-ils, donne des idées
claires). Ils y vont en tenue de classe. D'autres parmi eux s'arrêtent dans les
cabarets et bars au retour des classes. Ceux qui se maîtrisent un peu arrivent
d'abord à la maison, avant de ressortir immédiatement pour aller dans le marché
périodique le plus proche. Le soir, ils n'ont plus assez de temps pour réviser
les leçons du lendemain ou pour préparer les évaluations séquentielles.
Tout laisse croire que nous les jeunes, nous sommes devenus
presque esclaves de l'alcool. Et ce constat se renforce davantage lors des
fêtes traditionnelles, civiles et même religieuses. Parmi les jeunes devenus
esclaves de l'alcool, nous retrouvons des catholiques ; certains d'entre eux sont
même engagés et ont parfois des responsabilités dans les mouvements et groupes
de jeunes de nos paroisses et districts paroissiaux.
Il y a quelques années en effet, ce problème ne se posait
pas avec une ampleur aussi grande qu'aujourd'hui. Comment en sommes-nous
arrivés là ? Qu'est ce qui nous a poussé à un tel acharnement derrière l'alcool
et la drogue ? Et comment faire pour nous libérer de ce fléau ?
Nous allons mener ensemble une réflexion avec nos Aumôniers
et Sœurs conseillères sur l'alcoolisme en milieu jeune et les moyens de
contourner cet autre mal du siècle.
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