lundi 6 février 2012

ENTRE PROXENETISME,PROSTITUTION ET PORNOGRAPHIE : LE SEXE DANS TOUS SES ETATS CHEZ LA FEMME CAMEROUN !

 
Monsieur envoie madame faire fortune en Europe, ça n'étonne plus personne au Cameroun. Le phénomène est aujourd'hui une réalité sociale. D'honorables pères de famille se transforment ainsi en proxénètes pour arrondir les fins de mois. Dans la plupart de nos chaumières, on en parle comme d'une voie de salut. La vie de plusieurs personnes, au-delà de la cellule familiale stricte (père, mère, enfants), en dépend. Tout le monde en est conscient, et compte en tirer profit. Un profit qui s'étend à toutes les sphères de la société. Au point de donner, sur le plan économique, du tonus à des crénaux tels que la brocante, la vente des véhicules d'occasion, et la construction de grandes villas ici et là dans le pays. Un coup de pouce que, malgré les différentes conséquences, ruptures et désorganisation que cette situation a souvent déclenchées au sein des familles, l'on ne saurait ignorer.



1.- Papa pouponne et fait la vaisselle


Yvan et Olivier, respectivement âgés de 06 et 03 ans, poussent des cris de joie à l'entrée de leur père Jean-Didier Nga, 36 ans. Comme chaque soir depuis deux ans désormais, il rentre chez lui du côté de la base aérienne à Yaoundé, heureux de retrouver ses chérubins dont il est désormais le seul à s'occuper. " Je n'ai pas de formation fixe. Je me débrouille et mes revenus ne sont pas stables. C'est pour cela qu'avec ma femme, nous avons décidé d'un commun accord de chercher de l'argent pour qu'elle aille en France se débrouiller et envoyer de l'argent ici au Cameroun pour nous permettre de vivre et d'assurer notre avenir. Elle en a encore pour 5 ans. En attendant, je m'attele à jouer au père et à la mère pour mes deux fils ", raconte-t-il, le sourire aux lèvres, en ouvrant un pot de Yaourt pour Olivier, le petit dernier. Et de continuer : " ce n'est pas facile. C'est vrai ; à certains moments, je voudrais que tout redevienne normal, qu'elle assume son rôle de mère et moi, celui de père. Mais d'une certaine façon, nous y sommes obligés: il y a les dettes contractées lors de son départ que nous devons encore rembourser ". En fait, un pactole évalué, selon Jean-Didier, à une douzaine de millions de Francs Cfa répartis entre l'achat du billet d'avion, des présents pour la famille d'accueil, la négociation avec le passeur et autres menues dépenses.
 
 


Une dizaine de kilomètres plus loin, chez les Onguène, du côté du quartier Oyomabang, c'est la même ambiance qui règne. A cette exception : les enfants sont ici plus nombreux et plus âgés, ainsi que le père. Contrairement à Jean Didier Nga, Dieudonné, le père de cette famille de 6 enfants âgés de 25 à 14 ans, a arrêté, depuis longtemps, de jouer " à l'homme et à la femme ". Cinq années après le départ de son épouse, il a changé d'avis et vit désormais en concubinage avec une femme plus jeune que son épouse. Il confie : " ce n'est pas évident. Ma première fille a 20 ans. A 18 ans, elle a fait un enfant à la maison parce que moi le père, je n'étais pas assez vigilant pour veiller à ses fréquentations. Et puis, il y a des tâches quotidiennes que je ne pouvais plus assumer. Ma femme a été contrainte de se marier là-bas parce que, en partant, elle n'avait aucune situation là-bas. Une de ses cousines qui est établie en Suisse avait accepté de l'héberger pendant un mois. Après quoi, elle devait se débrouiller. Elle a rencontré ce monsieur avec qui elle vit actuellement. Moi, je ne suis pas marié. Je sais qu'un jour, ma femme me reviendra. " Sa " copine ", à qui sa femme fait également parvenir des présents, est bien consciente de la situation, mais en tire un profit certain : " Elle sait que je suis là, que j'existe. Lorsqu'elle arrive au Cameroun, je me rends chez mes parents pendant la durée de son séjour. Mais d'une certaine façon, c'est elle qui s'occupe de moi. Je ne vois pas de problèmes ", dit-elle.
 
 
 



Mode


Désormais, dans les grandes villes et les bourgades camerounaises, le phénomène prend de l'ampleur. Au consulat de Suisse à Yaoundé par exemple, on avoue que la demande en visas ne cesse de croître. A 90% des cas, ce sont des femmes et des jeunes filles qui les demandent. Dans la plupart des cas, elles réussissent à obtenir un visa en avançant des prétextes fallacieux. Certaines affirment s'en aller pour de brèves vacances, d'autres pour assister une parente malade. Les familles en difficultés financières au Cameroun sont les plus concernées par le phénomène. Pour pouvoir enfin connaitre des jours meilleurs, les membres de ces familles (le mari et la femme), font des pieds et des mains pour que l'épouse se rende en France ou en Suisse se prostituer et envoyer de l'argent à la famille restée au Cameroun afin d'assurer la scolarité des enfants. Parties après avoir contracté des dettes parfois exorbitantes ici et là, ces femmes sont contraintes de rembourser, toutes seules, ces frais. Leurs époux se bornant à trouver des personnes susceptibles de leur fournir l'argent nécessaire au départ. Le plus souvent envoyées dans des maisons closes, ne disposant d'aucun papier, elles ne peuvent revenir au Cameroun qu'après de longues années.
 


Celles qui ont réussi à se marier avec un Suisse financièrement stable, continuent tout de même à se prostituer pour maximiser les gains. Ce n'est qu'après avoir satisfait tous les créanciers que le couple peut enfin souffler. La femme peut alors penser uniquement à sa famille. Voitures et vêtements à vendre sont régulièrement envoyés à l'époux resté au Cameroun. Celui-ci, après la vente desdits articles, devra veiller à bien répartir l'argent entre les membres de la famille de la femme, ses enfants et lui. Au risque de " susciter des problèmes parfois intenables ", affirme Dieudonné. Une fois cette étape franchie, on peut alors penser à l'expatriation des enfants. Ces derniers seront très vite pris en charge et reconnus par le "Blanc" avec lequel vit la mère. Dans la plupart des cas, les premiers enfants à être expatriés sont les filles, susceptibles de remplacer la maman dans l'exercice de cette tâche, et " faire monter " les frères et soeurs restés au Cameroun, le moment venu. " Je ne suis pas totalement d'accord avec. Je souhaiterais que mes enfants vivent normalement. Mais si c'est leur voie de salut, je ne dirais pas non. Ce sont les difficultés de la vie qui nous poussent à cela. ", confie Dieudonné, père de six enfants.
 
 




2-Sucer en Suisse


S'il vous arrivait de vous ennuyer un dimanche soir, l'aéroport international de Yaoundé Nsimalen est la meilleure destination pour vous changer les idées. Surtout aux environs de 20 h, heure d'arrivée du vol de la compagnie aérienne Swiss. Pour la plupart, les passagers qui en débarquent sont des sexagénaires suisses venus prendre du soleil chez nous en compagnie d'extravagantes camerounaises parties chercher fortune. De la longue et énorme perruque aux couleurs frappantes au pantalon taille basse qui laisse apparaître le petit string, en passant par l'escarpin au talon aiguille, rien n'est laissé au hasard. Rien. Même pas la couleur de la peau, devenue bizarroïde par l'action des corticoïdes. Un teint entre le noir, le blanc, le brun. Ni l'ensemble de valises griffées Louis Vuitton et autres grosses lunettes Chanel ou Céline achetées maison à Paris. Et finalement, vient l'accent. Cet accent hybride que l'on aurait du mal à classer s'il n'y avait ce fort relent local qui caractérise certaines femmes qui nous viennent de la Suisse. Au parking, attend généralement le Toyota Rav 4, le chouchou des nanas de Suisse.
 
 


Dimanche 13 mai. Après maintes insistances, Adéline va présenter son époux à ses parents qui sont au Cameroun. Le rituel d'accueil est le même que chez ses camarades suissesses, à quelques exceptions près. A la haie d'honneur, sa famille venue nombreuse l'accueillir. Il s'agit des frères et des soeurs, qui ne tiennent plus à l'idée de recevoir les provisions annoncées. Entre autres, des adresses de prétendants suisses et quelques fringues branchées. La joie se lit sur tous les visages, on apprête les appareils-photo pour immortaliser ce moment tant attendu. Mais, dans un coin du hall de l'aéroport, un monsieur fait les cent pas. Bien de sa personne, il chique un cigare. A Jean-Claude, Adéline a raconté que c’est son cousin. Officiellement, il est là pour leur éviter les tracasseries policières. Pourtant, c'est l'époux légitime, celui qui s'est battu corps et âme pour que son épouse aille "se chercher" en Suisse. S'il avait prévu qu'elle achèterait une villa, il ne la voyait certainement pas débarquer avec un concurrent. Mais enfin, on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs. Durant le séjour de son épouse à Yaoundé, il n'aura droit qu'à de petits bisous donnés à la volée et aux rendez-vous secrets chez un oncle ou cousin de la famille. " Ça ne me gène pas car je sais que d'ici cinq ans, le Blanc va mourir et je reprendrai ma place. Avec en plus les biens ", explique-t-il.
 


Si Adéline a eu la chance de faire tomber un coeur, pour Angèle, Pascaline et bien d'autres femmes parties pour le même objectif, ce n'est pas évident. Il faut se battre au quotidien. Et bonjour le commerce du sexe dans les rues de Genève, de Vevey et de Lausanne. " La soeur de mon époux est mariée en Suisse. Après ses vacances au Cameroun, mon mari a commencé à me traiter de bonne à rien. Il me disait sans cesse que je pouvais aussi aller me débrouiller en Suisse et envoyer de l'argent et des voitures à la famille. Au départ, j'avais peur, mais ma belle soeur m'a rassurée qu'une fois là-bas, elle me trouvera un boulot. Mais quand j'y suis arrivée, c'était la désillusion. En fait de boulot, je devais me prostituer. Ce que je fais depuis quatre ans ", explique une Suissesse rencontrée à Berlin. A l'évocation de ses débuts dans ce pays, elle se met à pleurer. Le souvenir de ces nuits blanches passées dans des métros et surtout de ce bordel où elle a fait ses premiers pas dans la prostitution: dur !
 
 


"Quand ma belle-soeur m'a mise à la porte, j'ai appelé un de mes correspondants que j'ai eus sur le Net. Il est venu me récupérer et m'a amenée chez lui. Au début, ça allait, jusqu'au jour où il m'a demandé de m'offrir à ses amis. Et puis à multiplier les jeux perver, jusqu'à me mettre dans un bordel. Sans papier, je ne pouvais pas refuser ", ajoute-elle.


Et le pactole dans tout ça ? Il est consistant et diffère selon que l'on travaille sur le trottoir, dans des salons ou encore en privé. Toutefois, " le prix du rapport sexuel ou de la fellation oscille entre 100 000 et 150 000 F cfa. Le reste, c'est à la carte dans notre menu des plaisirs". Explique Jeanne, une vendeuse de bien-être. La femme étant une richesse en Suisse comme le chante si bien l'auteur d'un bikutsi, la demande est grande. Et les filles peuvent se taper 10 à 20 mâles par jour. Le bénéfice est énorme, même pour celles qui doivent reverser 30 à 50% de leurs gains aux maquereaux.
 



3.- Appelez moi Suissesse


Personne n'est en mesure de dire si Rosette et Jacques étaient civilement mariés. A Essos où ils partageaient le même toit et vantaient les mérites de Anita, leur jeune fille de 12 ans, les voisins, jaloux et choqués par le grand train de vie de la femme, multipliaient rumeurs et ragots, au point où, un jour, le couple décida de déménager. Pour s'installer à Mimboman-Terminus où Rosette, secrétaire dans une Pme de la place, avait acheté une villa. En fait, une maison ordinaire, en décrépitude. Mais suffisante pour accueillir la petite fille de 12 ans, le garçon de 15 ans que Jacques avait eu avec une ancienne fiancée, ainsi que Charlotte, Mireille et Paule, les trois filles que Rosette versait dans le panier de la ménagère.


La vie était tranquille. Paule et Anita qui faisaient semblant d'aller à l'école. Charlotte et Mireille, les aînées, disaient qu'elles faisaient des cours d'informatique. Yves, le garçon, toujours habillé à la dernière mode, allait et venait, l'air préoccupé par ces marchés qu'il disait faire. Jacques passait tellement de temps dans les cafés de la ville qu'on avait fini par supposer qu'après son licenciement dans une entreprise spécialisée dans l'exploitation du bois, il n'avait pas pu trouver d'autre activité que celle-là. Rosette sortait tôt le matin et ne revenait qu'en début de soirée.
 


Puis un jour, elle décida de tout arrêter. Un soir de mars 1997, elle réunit cousines et cousins pour leur annoncer, en présence des enfants, qu'elle allait en Suisse. Pour aider une amie à gérer des affaires montées là-bas. Emue, elle arrêta de parler. Jacques la prit dans ses bras pour la consoler. Aux filles qui s'étaient mises à leur tour à pleurer, il dit que leur maman allait pour leur intérêt à tous. Il annonça qu'elle allait envoyer souvent de l'argent et que, si tout se passait bien, elles iraient vivre là-bas, dans un avenir très proche. A des amis qui lui demandèrent comment il pouvait accepter que sa femme aille comme cela pour un "travail" que lui-même avait du mal à définir, Jacques avait vivement répondu en soutenant que si sa femme et lui en étaient arrivés là, c'est qu'ils n'arrivaient plus à s'en sortir dans "un pays qui n'offre aucun avenir". Rosette partit. Une cousine vint habiter là pour prendre soin des enfants. Jacques décida de se lancer dans de petites affaires avec le dépannage que Rosette lui avait laissé avant de s'envoler vers ce pays où, racontait-on alors, la plupart des amies de Rosette et toutes ces filles qui roulaient carrosse à Yaoundé, avaient "fait fortune".


Trois mois environ après son départ, elle se mit à envoyer, de manière régulière, de l'argent. Pour la maisonnée. Mais aussi pour que son mari "achète" les bons de caisse au ministère des Postes. Jacques devint important et se mit même à éponger ses dettes. Les costumes remplacèrent les jeans délavés et les chemises sur lesquels le temps avait laissé des traces. Puis, il y eut une Mitsubishi Galant d'occasion que Rosette envoya et qu'il décida "d'arroser" lors d'une petite fête à la maison. La maison elle-même subit un grand changement. Complètement refaite. Avec clôture et jardin. Les tabourets disparurent au profit d'un salon de siècle et de fauteuils en cuir arrivés en même temps qu'un conteneur de mobilier divers. La vie avait changé. Jacques louait le bon Dieu. A longueur de journée, les enfants zappaient entre Canal+Horizons et MCM Africa. Les filles aînées, Charlotte et Mireille en l'occurrence, avait de quoi s'occuper de leurs ventres bien plus que proéminents, porteurs tous les deux du fruit de leur activité nocturne. Du coup, c'est à Anita et Paule que profita le voyage que maman avait payé pour la Suisse et que Jacques avait bouclé en fabriquant de faux documents et en s'appuyant sur quelques circuits. Quand pour la fin d'année 2000, deux ans après l'arrivée de ses deux filles en Suisse, Rosette décide de venir fêter au pays, on découvre une autre femme. Parée d'or et adepte de toilettes qu'elle avait transportées par malles entières. Allant et venant au volant de sa coupée rouge. Personne n'eut le courage de lui demander comment elle avait fait. Il ne fallait pas choquer sa générosité. Et surtout pas embarrasser Jacques qui avait fini par se faire du sobriquet que le quartier avait trouvé à la bourgeoise : Suissesse.
 
 



4.- Opératrices économiques


Un immeuble de quatre étages, rien de plus banal dans la ville de Yaoundé. Mais pour qui connaît les deux soeurs qui en sont les propriétaires, il y a de quoi se poser des questions. Par exemple, comment en l'espace de trois ans, ces mères de famille modeste, devenues filles au pairs en Suisse ont réussi pareille oeuvre? L'immeuble en question se trouve non loin du marché Mvog-Mbi.


Mais n y a pas que dans l'immobilier que des camerounaises parties vendre leurs charmes dans ce pays où la moindre passe avec un richissime peut changer matériellement des vies. Il y a aussi les magasins de brocantes, une autre initiative de ces dernières. Selon Jeanne Olinga de "La Tricolore", un magasin de seconde main sitrué à Tsinga, et où l'on trouve des appareils électroménagers, de la vaisselle et bien d'autres bricoles, ce sont ces dernières qui ont vulgarisé ce commerce. " Ça fait dix ans que je suis dans cette activité. J'ai commencé par gérer le commerce de ma cousine qui envoyait les conteneurs d'articles qu'elle ramassait en Suisse. A l'époque ça rapportait énormément car nous n'étions pas nombreux. Mais aujourd'hui que tout le monde s'y est mis, rien n'est plus évident. Même pas la douane où on connaissait d'une monde ".
 
 


Des propos de cette pionnière qui envisage se reconvertir dans la vente des voitures qui connaît un boom dans nos cités. Ce n'est non plus l'exclusivité des "fey men" qui, il y a quelques années encore en avaient fait leur business personnel.


A Essos, à Bastos et dans de nombreux autres quartiers, le moindre espace libre est innondé de parcs pleins de véhicules dont quelques rares ont encore des immatriculations suisse ou françaises. Pour les marques, c'est très souvent des Volkswagen, bref les plus utilisées dans ce pays, où le sexe rend riche. Contrairement à la brocante qui commence à battre de l'aile, la vente de véhicules est bien rentable. " Je fais presque du 75 %. Étant en contact avec des gens qui veulent se débarrasser de leur voiture,s je les rachète à bas prix et pour la douane et le reste, je sais toujours comment me débrouiller ", dit une Suissesse.
 
 




5 - La sacrifiée du groupe


Une courte robe bleue, à la limite de la décence, dévoile ses fortes cuisses rondes. Les cernes que l'on aperçoit aisément autour de ses yeux témoignent d'une longue nuit sans sommeil. Une de ces nuits au cours desquelles, éveillée parmi ses deux soeurs qui partagent sa couche, elle doit veiller sur son petit garçon, Hervé, qu'elle a mis au monde depuis près de 7 mois maintenant. Tous ces petits détails, Marie-Clotide Ombédé Atangana, 23 ans, ne semble pas y accorder la moindre attention. Et continue de récurer les marmites à l'aide de sable. Elle qui, depuis le départ de sa mère pour la Suisse il y a près de 6 ans, assure le rôle de mère pour ses frères et s_urs. Un rôle qui ne lui procure pas que des joies, en dehors des vêtements et autres babioles qu'envoie généralement sa mère: " Un an après que ma mère soit partie, j'ai arrêté d'aller à l'école. A l'époque, j'étais en 4ème au Lycée d'Ekounou. Mon père m'a fait savoir qu'il n'y avait pas d'argent et que la priorité était à mes petits frères et s_urs qui, eux, étaient encore au primaire. " Et c'est ainsi que, avec son frère aîné, l'année d'après, elle est venue se greffer à la multitude d'enfants en rupture de scolarité dans le pays.
 
Une prostituée camerounaise décédée en Suisse
 
Pour le bien de " Papa " qui avait ainsi l'impression de retrouver un femme à la maison, qui lui faisait la cuisine et assumait toutes les tâches quotidiennes de la maisonnée. Elle le faisait tellement et si bien qu'il ne s'est pas rendu compte des fissures qui commençaient à apparaître à la surface. Marie-Clotilde raconte : " Nous avons une jeune fille qui a le même âge que moi et dont la chambre était face à notre maison. Pendant les journées creuses, nous discutions. Elle m'a avoué qu'elle se prostituait pour pouvoir assumer ses charges. Au bout de un an, j'ai commencé à l'accompagner et c'est comme cela que, depuis quatre ans environ, je me prostitue avec ma copine ". Ce que plusieurs mégères du quartier ont déjà perçu, et elles ne s'empêchent pas de dire, ironiques, que " Marie-Clotide ne fait que suivre l'exemple de sa mère. Ce n'est qu'un exercice pour le moment ".
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Un sourire désabusé sur les lèvres, elle avoue s'être lancée dans ce créneau pour échapper à la solitude, mais également aux sautes d'humeur de son père. Sans emploi, ce dernier, déjà fortement porté sur l'alcool bien avant le départ de son épouse, passe désormais l'essentiel de son temps dans les bars du coin, en compagnie de copains ou de femmes d'un soir. Et très souvent, ce n'est que très tard dans la nuit qu'il est de retour, amer. Sur les oreilles des enfants déjà endormis, il fait alors pleuvoir des injures de toutes sortes qui se terminent toujours, selon Marie-Clotilde, par la même rengaine : " vous êtes tous aussi idiots que votre mère qui ne fait que nous envoyer les miettes ici, et vit pleinement en Suisse ". 
 


Une phrase qui, inlassablement, fait couler des flots de larmes des yeux des enfants massés dans les deux chambres que compte la maison. La maman n'ayant pas encore de gros moyens, la construction d'une maison décente, n'est pas pour demain. Alors que Marie Clotilde traîne dans les rues, ses petits frères et soeurs, ne s'embarrassent d'aucun scrupule pour, eux aussi, faire l'école buissonnière et avoir les pires notes qui soient. Ce qui ne provoque aucune réaction du père désabusé. Serrant très fort son petit Henry qu'elle a eu avec un jeune homme du quartier qui refuse d'en assumer la paternité, Marie-Clotide a du mal à contenir les larmes qui lui picotent les yeux. Elle espère ne pas avoir à lui imposer ce genre de vie à lui aussi.

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