L’année 2012 promet d’être rude chez certains fonctionnaires camerounais habitués à organiser des séminaires et colloques fantaisistes pour se remplir les poches avec l’argent public. Véritable pratique de détournement « légal » des fonds publics, les séminaires et colloques n’ont cessé de se multiplier. Obligeant le président Paul Biya lui-même à déclarer dans l’un de ses discours : « Nous ne pouvons plus attendre que les dossiers passent d’ateliers en séminaires, de séminaires en comités sans résultats visibles».
Et pourtant, la pratique a continué. Du coup, l’humoriste Nana Ardo s’en est moqué dans l’une de ses prestations. « Pour enlever E à CEPE, il a fallu des ateliers et des séminaires interminables » raille-t-il. Faisant allusion au Certificat d’études primaires (CEPE ) qui est devenu CEP (Certificat d’études primaires) à l’issue de concertations, séminaires et ateliers des responsables des ministères en charge de l’éducation.
Un jeune fonctionnaire révèle : « Quand je suis entré dans la fonction publique, je ne savais pas qu’il y avait autant d’argent dans les séminaires. Un jour, notre ministère a organisé un séminaire à l’issue de laquelle on m’a appelé pour émarger 100 000 francs CFA (plus de la moitié de son salaire puisqu’il gagne un salaire de 150 000 francs CFA par mois, NDLR). Pourtant, on n’avait pas vraiment fait grand-chose. J’ai alors compris pourquoi il y a autant de séminaires et de colloques au Cameroun » raconte-t-il.
Fin du gaspillage
Le nouveau ministre des Finances, pur produit du secteur privé et habillé de sa rigueur de banquier (il était directeur général de l’Afriland first Bank avant sa nomination au gouvernement) a décidé de mettre un terme à la fantaisie. Il vient de signer la lettre circulaire N° 001/Minfi du 10 janvier 2002 portant instructions relatives à l’exécution, au suivi et au contrôle du budget de l’Etat, des établissements publics administratifs, des comités territoriales décentralisés et des autres organismes subventionnés. Cette lettre indique en son article 288 que « le paiement des per diem est proscrit dans le cadre des séminaires et colloques.
Toutefois,
il n’est autorisé que dans le cadre des comités conformément à la
lettre circulaire N° 006/CAB/PM du 27 mai 2010 du Premier ministre, chef
du gouvernement relative à la détermination des indemnités des membres
des comités et secrétariat technique. Dans ce cas, les pièces
justificatives y afférentes doivent être transmises au contrôleur
financier territorialement compétent pour apuration un mois plus tard au
plus après la fin de l’opération. Le paiement des per diem pour
l’accomplissement des tâches régulières du personnel demeure suspendu
jusqu’à nouvel ordre ».
Certes, le ministre des Finances n’aurait pas pu
abroger la circulaire du Premier ministre (son patron) autorisant les
paiements de certains types de per diems et, il aura du mal à contrôler
les manœuvres de certains fonctionnaires s’accrochant sur la circulaire
du Premier ministre pour jongler avec les famaux per diems. Mais, il y a
lieu de saluer cette décision du ministre qui ne lui fera pas que des
amis. Les per diems étant suspendus, même les journalistes habitués à
couvrir ces rendez-vous pour recevoir de « l’argent de taxi » en seront
sevrés. Ce qui laisse envisager les foudres médiatiques et autres rapports incendiaires qui vont s’abattre sur le nouveau ministre. Mais d’ici là, certains fonctionnaires doivent bien déjà méditer. Le ministre lui confirme les premières bonnes impressions que l’opinion publique a de lui.
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