Aussi étonnant que cela puisse paraître,dans nombre d’hôpitaux et
Centres de santé,des ex-patients sont séquestrés ou utilisés comme main
d'oeuvre pour frais médicaux impayés.
Le 11 juin 2011, Victorine Nké, 14 ans, crée l'évènement au carrefour
Mvog-Mbi à Yaoundé. Maman de triplés dont un garçon, l'adolescente
sollicite l'aide du couple présidentiel pour la survie de ses rejetons.
L'accouchement de Victorine Nké à l'hôpital de la Caisse à ruiné ses
proches.
Après deux mois d'hospitalisation suite à un
accouchement prématuré et difficile, la jeune fille est invitée à solder
une facture d'un million de Fcfa à l'hôpital de la Caisse sis au
quartier Essos. Le père des triplés, un jeune élève de 19 ans, n'a pas
pointé son nez depuis la tombée de la facture. Sous la pression de
l'hôpital, la famille du géniteur des triplés parvient à réunir 800.000
Fcfa.
Et le reste alors ? Après sollicitation, la ministre des
Affaires sociales, Catherine Bakang Mbock, retire Victorine et ses
triplés des griffes de la direction de l'hôpital de la Caisse. Une
faveur dont ne bénéficie pas tous les patients dont la facture s'est
allongée à mesure des prescriptions des médecins. «Très souvent, tu
entres à l'hôpital pour un mal de cheveu, tu en ressors avec un mal de
crâne», déclare une victime, pince sans rire. Florence O. se souvient
ainsi d'avoir été témoin d'une expérience similaire durant son
hospitalisation à l'hôpital Laquintinie à Douala. «Flore Moussinga a été
admise à Laquintinie pour un accouchement, raconte Florence.
Finalement, elle accouché par césarienne et les médecins l'ont gardée
pour une semaine, le temps que la blessure se cicatrise.»
Insolvables
Solange raconte que sa voisine de chambre n'avait pas les moyens de
payer la facture de 150.000 Fcfa que lui a présentée l'hôpital. «Elle et
son époux avaient tout juste 80.000 Fcfa. Ils ont voulu signer un
engagement de paiement échelonné. Mais la direction de l'hôpital a
refusé. Elle est devenue prisonnière de l'hôpital et chaque jour, le
montant de la facture ne faisait qu'augmenter», révèle la narratrice.
«Au final, Flore Moussinga devait payer 256.000 Fcfa pour sortir. Son
mari a essayé de s'enfuir avec l'enfant, mais on l'a rattrapé au niveau
du portail. Les gardiens ont retiré l'enfant du seau de 10 l dans lequel
il l'avait caché. Flore mangeait avec nous, utilisait nos savons, nos
couches de bébé, etc.», poursuit Florence O. Nombreux sont ceux qui se
retrouvent ainsi dans l'impossibilité de solder leur dette envers des
établissements hospitaliers. D'autant plus que, soutient Roger
Tchouakeu, un ancien patient d'un hôpital public, «les techniques de
recettes ne manquent pas dans les hôpitaux.» Ce dernier déclare qu'à la
Fondation Chantal Biya à Yaoundé, il y aurait un minimum de 10 jours
d'hospitalisation à y passer. «Les médecins t'obligent quelque peu à
passer 10 jours même si tu sembles avoir recouvré la santé», dit-il.
A l'hôpital central de Yaoundé, un séjour en chambre individuelle
équivaut à payer 12.000 Fcfa par jour. A l'hôpital de la Caisse, la
caution est de 20.000 Fcfa avant de prétendre retrouver la salle
d'accouchement. «Il faut également penser à la nutrition, carnet de
santé, entre autres dépenses», assure Roger Tchouakeu. Et lorsque
s'amoncellent les frais médicaux, qu'advient-il aux insolvables ? «Pour
les patients qui ne peuvent solder leur dette, nous avons une cellule
d'action sociale qui s'assure du fait qu'ils sont vraiment indigents»,
renseigne Jean Abada Ayong, responsable de la communication de l'hôpital
gynéco-obstétrique et pédiatrique de Yaoundé (Hgoy). «Après une enquête
fouillée, le patient indigent peut bénéficier d'une remise du directeur
général de l'hôpital ou d'un moratoire», rajoute-t-il. La procédure est
quelque peu semblable à la Fondation Chantal Biya, se souvient un
proche d'un ancien patient de cet établissement hospitalier. «Un de mes
proches y a séjourné pour un abcès à la tête. Il a bénéficié de soins
médicaux dont la facture s'élevait à 60.000 Fcfa. Dans l'impossibilité
de solder sa dette, il s'est dirigé vers le service de l'action
sociale», raconte Valérie K.
«Mais on lui a demandé de
documents personnels qu'il n'a pas pu présenter étant un enfant de la
rue. L'hôpital l'a par la suite soumis aux tâches ménagères en guise
d'indemnisation. Il a été tenté de fuir, avant que je ne paye sa
facture», affirme la jeune femme. Il faut ainsi compter sur la
providence, notamment sur un potentiel bienfaiteur pour que la santé se
paye cash. Dans un article de l'agence de presse Syfia, on apprend par
ailleurs que les patients insolvables en République démocratique du
Congo y héritent d'un curieux surnom. Ils se font appelés «démob», un
diminutif du mot «démobilisés». Ces ex-malades, selon Syfia, «sont
contraints de rester dans l'hôpital, de céder leurs biens de valeur ou
de travailler dans les champs de l'établissement pour payer les soins».
«Ce sont pour la plupart des femmes qui viennent d'accoucher, surtout
celles qui ont subi une césarienne qui sont ainsi enfermées avec leurs
bébés», conclut Syfia.
Vivement que le social reprenne droit de cité dans nos hôpitaux !
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