Présentée une voie de sortie de crise de la consommation énergétique au
Cameroun, la construction de la centrale de Kribi pourrait plus servir à
ALUCAM. Depuis le 22 décembre 2011, il
ne se passe pas une journée que l’on ne lise un encart publicitaire en
double-page dans la presse ou qu’on ne suive un publi-reportage dans un
média audiovisuel, sur la signature de l’accord final de financement de
la centrale thermique à gaz de Kribi, entre la firme américaine AES
Corporation et ses bailleurs de fonds locaux et internationaux.
Si l’on est tenté de féliciter AES Corporation pour ce qu’elle qualifie
elle-même "d’exploit", qui arrive en pleine crise financière mondiale
et tout juste au moment où le Cameroun vient de se doter d’une nouvelle
loi N°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de
l’électricité, on a le sentiment que toute la vérité n’est pas dite sur
cet important projet électrique.
La réalité que dissimule cette
envolée médiatique tous azimuts du groupe AES c’est que, l’intégralité
des 216 MW (extensibles à 330 MW) que produira la centrale à gaz de
Kribi seront exclusivement destinés à couvrir les besoins énergétiques
de l’extension de l’usine d’aluminium ALUCAM. En effet, ALUCAM,
propriété à 46,7% du groupe anglo-australien RioTintoAlcan et située
dans la ville d’Edéa à 100 Km de la future centrale, a décidé de porter
sa production de 87.000 tonnes à 360.000 tonnes dans les 02 prochaines
années, avec la construction de 02 nouvelles unités d’électrolyse.
En vertu d’un "accord d’énergie" âprement négocié et signé le 20
novembre 2009, l’opérateur AES/SONEL s’était engagé à satisfaire la
demande en électricité d’ALUCAM et à la lui vendre au prix de 12,94
FCFA/kWh, au lieu de 8,7 FCFA/kWh qui lui était jusque là appliqué. Nous
rappelons que le prix moyen du kWh que paie le consommateur ordinaire
(ménage et entreprise) est de 77,7 FCFA/kWh. D’après nos sources, ce 02
poids 02 mesures trouverait sa justification dans "la nature énergivore
de l’industrie d’aluminium, la convention d’établissement de 1948 sur la
fourniture d’électricité entre ALUCAM et l’Etat du Cameroun, enfin, les
besoins pressants d’exploitation des énormes gisements de bauxite du
pays".
Il ne s’agira donc pas d’une "capacité additionnelle sur
le réseau interconnecté Sud", puisque l’énergie produite ne sera pas
injectée dans le "secteur public", qui représente 99% des consommateurs
d’électricité, mais va plutôt permettre à l’opérateur AES/SONEL de
respecter ses engagements vis-à-vis de son partenaire. ALUCAM absorbe
plus de 30% de l’énergie produite au Cameroun et représente à elle seule
3% du PIB national.
Par ailleurs, il est bon de savoir que,
quoique conduite par AES Corporation, à travers sa filiale la KPDC
(Kribi power development company), pour que cette convention de
financement aboutisse, il a fallut, comme pour la plupart des accords
dans le secteur de l’énergie électrique, le précieux cautionnement de
l’Etat du Cameroun. Au nom de la communauté nationale des consommateurs
et en tant qu’actionnaire à 44% du capital de la KPDC, la puissance
publique a donc activement contribué au succès de cet accord. Outre
cela, le gaz nécessaire au fonctionnement de la centrale sera fourni par
la SNH (Société nationale des hydrocarbures). Pour la gouverne de tous
et de chacun, tout ceci méritait bien d’être préciser.
Parce
que c’est à eux que revient la tâche de payer le lourd retour sur
investissements dans le secteur de l’électricité, les consommateurs
d’énergie ont légitimement le droit de connaitre les tenants et les
aboutissants de chaque accord de financement obtenu avec ou sans l’aide
des pouvoirs publics. En tout état de cause, au-delà de cette surenchère
d’annonces, nous jugeront l’opérateur AES/SONEL à l’aune de
l’amélioration de la qualité du service de l’électricité.
Alucam,survivre ou mourir ? That's the question !
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