jeudi 19 janvier 2012

PÉNURIE D'EAU ET D’ÉLECTRICITÉ A YAOUNDÉ : A QUAND LA FIN DU CALVAIRE ?

En dépit des difficultés rencontrées par les populations pour accéder à l’électricité et à l’eau potable, les pouvoirs publics annoncent d’importants investissements pour améliorer l’offre en eau potable et en électricité.

Bientôt deux semaines déjà que l’année 2012 a commencé. Tout naturellement, les Camerounais attendent le lancement de gigantesques projets de développement qui devraient « transformer le Cameroun en un immense chantier », comme l’a indiqué Paul Biya. Au chapitre des préoccupations, l’on peut compter le secteur énergétique dont les analystes soutiennent qu’on a besoin d’importants financements pour accompagner le développement du pays. C’est dire que les 400 milliards de francs Cfa que la firme américano-camerounaise Aes-Sonel affirme avoir investi ces dix dernières années sont insuffisants pour répondre à la demande. Aussi, en vue d’assurer une meilleure couverture énergétique du pays, il est question, durant la décennie en cours, de porter la capacité de production énergétique à 3000 Mégawatts (MW) contre 1033 MW actuellement. De même, la desserte nationale en eau potable devrait atteindre plus de 60 % contre 35 % actuellement. Des objectifs qui ne sauraient être atteints sans la mobilisation d’importants moyens financiers, et dont le Cameroun ne dispose pas assez pour pouvoir assurer tout seul, le financement de son tissu économique et industriel.


Accroitre la couverture du réseau

Il y a quelques jours, à Paris, en France, a été signée une convention de financement entre la partie camerounaise représentée par l’Etat et la Kribi power development company (Kpdc) d’une part, et un pool d’institutions financières nationales et internationales d’autre part en vue de la construction de la centrale à gaz de Kribi. Occasion pour le gouvernement de réitérer son engagement de voir le Cameroun poursuivre son développement, et c’est donc à juste titre qu’indiquera le ministre de l’Energie et de l’Eau (Minee), Basile Atangana Kouna, que « c’est un événement important pour le secteur électrique, et par conséquent, pour l’économie de notre pays qui bénéficiera de l’apport d’une capacité de production d’électricité supplémentaire de 216 MW, soit une augmentation de plus de 20 %. Ce qui mettra un terme définitif aux difficultés d’approvisionnement récurrentes pendant la saison sèche ». Un projet qui coûtera 173 milliards de francs Cfa, dont un apport en fonds propres de 42 milliards de francs Cfa que se répartissent Aes-Sonel et l’Etat du Cameroun. Cela suffira-t-il se demandent des consommateurs pour résoudre l’épineux problème des délestages et d’interminables coupures d’électricité ?

La mise en service l’année prochaine de la centrale thermique de Kribi permettra de disposer de 1249 MW, ce qui, d’après la Banque mondiale couvrira près d’un million de personnes. A en croire le ministre de l’Energie et de l’Eau, «l’existence de cette nouvelle unité industrielle se traduira par de nombreux effets induits en termes d’emplois directs et indirects, et plus généralement, la dynamisation de l’économie régionale. Ce projet conjuguera naturellement avec autres projets en cours de développement dans la région, entre autres, le port en eau profonde, le projet gazier, pour produire des effets significatifs et contribuer à l’amélioration du niveau de vie de nos concitoyens à travers les opportunités d’affaires qui seront créées pour la fourniture des biens et services nécessaires au fonctionnement des unités industrielles et à la consommation des employés et de leurs familles. Enfin, ce projet permettra par la première exploitation à une échelle importante de nos abondantes ressources gazières et favorisera ainsi certainement le développement du secteur gazier », a déclaré Basile Atangana Kouna.


Améliorer la desserte.


A l’instar de la couverture énergétique, la desserte en eau potable constitue un casse-tête pour les populations. Au ministère de l’Energie et de l’Eau, on rassure que le programme d’investissement élaboré il y a quelques années par la Cameroon water utilities corporation (Camwater) va se poursuivre. Un programme qui prévoit notamment la mobilisation de 400 milliards de francs Cfa en dix ans et dont plus de 220 milliards de francs Cfa ont été investis ces trois dernières années. C’est ainsi que pour la ville de Douala par exemple, des travaux d’extension de l’usine de Yato adossée sur le fleuve Moungo sont actuellement en cours grâce à un financement additionnel de Eximbank of China d’un montant de 44 milliards francs Cfa, ce qui devrait accroitre de 100 000 m3/jour sa production actuelle pour atteindre le cap de 300 000 m3/en 2013 et pouvoir résorber définitivement les problèmes d’eau potable dans la métropole économique.

Le problème des pénuries d’eau observées à Yaoundé s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, par la saturation de l’usine d’Akomnyada, construite sur le Nyong, près de Mbalmayo. Sa capacité de production estimée à 100.000 m3/jour ne couvre plus aujourd’hui la demande réelle qui est de l’ordre de 200.000m3/jour. L’option de reconstruire l’usine abandonnée sur la Mefou devrait permettre de réduire le déficit assure-t-on au ministère de l’Energie et de l’Eau, ceci grâce aux financements conjoints de l’Agence française de développement (Afd) et la Banque européenne d’investissement (Bei) d’un montant de 66 milliards de francs Cfa. Les travaux de construction d’une nouvelle usine d’eau potable adossée sur la Mefou avec une capacité de 50 000 m3/jour vont atténuer le déficit observé actuellement à Yaoundé, où l’on compte atteindre le cap de 200 000 m3/jour d’ici 2013. Les villes secondaires ne sont pas oubliées. Puisque près de soixante-dix localités sont déjà inscrites dans le programme d’investissement pour près de 70 milliards de francs Cfa.

Que ce soit dans le secteur de l’eau potable ou celui de l’électricité, les Camerounais s’attendent à l’amélioration des prestations de Aes Sonel et de la Camerounaise des eaux (Cde) pour se faire une idée définitive sur les projets en cours de réalisations alors que le temps annoncé par le pouvoir pour le lancement des «grandes réalisations» a d’ores et déjà sonné.

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